Pour la Nuit des Musées 2010, Anja Erdmann et Maxie Götze créèrent l'oeuvre Luftikus – installation with moving fans.
Concentrés dans un espace fermé, le vent et la lumière,éléments essentiels du paysage arlésien constituaient la matière sensible de cette installation . Le vent était l'origine et la cause des sons. Il créait un jeu d'ombres capricieuses sur les murs, grâce à de petits ventilateurs contrôlés par ordinateur qui, au-delà de leur fonction acoustique, se transformaient en objets visuels. Luftikus est à nouveau présenté à l'occasion de Musée Réattu, Acte V.
Physicien de formation, Patrick Bailly-Maître-Grand nourrit ses nombreuses recherches plastiques de son intérêt pour « tout le travail de la matière qui intervient en dehors de l'image représentée ». Il expérimente continuellement différentes techniques, du photogramme à la camera obscura en passant par le Daguerréotype, qui sont autant de matières à des dispositifs et des installations sans cesse renouvelés, qui croisent les sciences naturelles, l'architecture et la métaphysique. Les Gémelles, un diptyque, réunissant l'image en positif et en négatif d'un miroir ancien captée en chambre noire, contient le mystère de l'absence du reflet : comment Patrick Bailly-Maître-Grand obtient-il cette image d'un miroir, à échelle 1/1, tout à fait frontale, sans projeter le reflet de l'objectif photographique, pourtant à quelques centimètres à peine de l'objet ?
L'ensemble de photographies intitulée La racine des légumes, co-signée par Jacqueline Salmon et Robert F.Hammerstiel, propose une série de portraits grandeur nature de ces légumes, toujours amputés sur les marché ou en cuisine d'une partie de leurs formes naturelles (racines, fanes, branches), qui retrouvent ici leur intégrité. Tout juste arrachés à la terre, ils sont présentés dans leur pleine maturité, au moment où leurs formes et leurs couleurs sont les plus denses et les plus opulentes. Mais le moment de bascule, où la déliquescence et le flétrissement commencent, est tout proche, voire déjà amorcé.
C'est toute cette ambiguïté que les deux photographes ont tenté de saisir dans ce travail, qui peut se regarder comme une métaphore des âges simultanés de la vie que l'on porte en soi, comme un essai sur la représentation de la partie essentielle et cachée de la vie.
Carmen Perrin, sculpteur avant tout, pratique le dessin depuis 6 ans. La série des Tracés tournés, débutée en 2008, s’oriente autour des notions d'espace, de matière et de force.
Inspirée par le tour du potier, ces dessins sont réalisés sur un plateau tournant dont l'artiste peut contrôler le sens et la vitesse. Elle dessine alors en appuyant une mine de plomb ou un crayon de couleur sur le papier. Au fur et à mesure que se dépose la matière, la surface se modifie, finit par gondoler et acquérir une troisième dimension : celle de la sculpture.
L’entrée dans les collections de cette œuvre exceptionnelle grâce à la générosité d’un collectionneur ami traduit les liens étroits tissés de longue date avec Catherine Putman, dont la galerie spécialisée en dessin contemporain représente Carmen Perrin en France. Hommage délicat à sa mémoire, cette acquisition souligne en même temps l’importance de ce trio indispensable à la diffusion des œuvres : la galerie, le mécène, le musée.
La sculpture et les dessins de Vincent Barré se sont, tout au long de sa carrière, attachés à la question du corps, le conduisant peu à peu à une abstraction du plein, du creux, du vivant et à ces grandes formes de fer, d'aluminium ou de terre. La figuration qui avait précédé, dans ses travaux antérieurs, et liée à la verticalité, à cédé la place à des formes terriennes, essentiellement couchées, dont laDouble-coque, acquise en 2009 par l'association des Amis du musée Réattu, est un reflet parfait.
Pourtant depuis l'origine, le thème de l'ex voto resurgit régulièrement dans son œuvre, parfois sous l'impérieuse nécessité d'un évènement personnel : une certaine forme de méditation sur un corps vulnérable – son propre corps – ou sur un organe qui se manifeste soudain.
L'œuvre d'Evelyn Ortlieb questionne avant tout la notion de graphisme : par le biais d'un support insolite, propice à l'écriture et au dessin (ardoises, textiles industriels) ou encore, dans un travail d'expérimentation des propriétés des matériaux. Elle met en avant le graphisme inhérent de tout objet en exacerbant sa structure, ses lignes de force et ses stigmates. Son travail laisse une place de choix au dessin comme approche plastique à part entière, qui plus est lorsqu'il est en lien étroit avec une pratique de la sculpture et de la peinture.
L'artiste est décédée en 2008 et ses descendants se sont adressé en priorité au musée Réattu (qui conserve par ailleurs 2 œuvres) pour effectuer une sélection dans son fonds d'atelier.
Le travail de Françoise Vergier se situe à la frontière entre sculpture et peinture et interroge en permanence les liens entre art et nature. Tu accompagnes fait partie d'une série de travaux réalisés en collaboration avec le CIRVA (Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts Plastiques, situé à Marseille). Les œuvres produites au Centre, entre objets décoratifs et sculptures, conservent ce rapport d'harmonie avec la nature : le verre soufflé peint vient dilater le dessin contenu dans la forme en terre qu'elle renferme, ajoutant un voile nuageux, créant un paysage en volume.
Cette approche du paysage révèle alors un caractère quasi-photographique, dans laquelle les petits univers de l'artiste semblent vus de loin, de très haut depuis le ciel.
La notion d'atelier, de laboratoire, est au cœur du projet scientifique et culturel du musée Réattu. Gardant le souvenir vivace de l'atelier du peintre Jacques Réattu, qu'il avait installé en vis-à-vis avec le Rhône, le musée à toujours été attentif, tant dans son rapport aux artistes que dans ses orientations d'acquisition, à ce que l'œuvre tisse son histoire avec les lieux afin de s'inclure au mieux au corpus des collections.
L'idée de faire l'acquisition de ce que Marcel Robelin a immédiatement intitulé son Mur à projets, est celle d'inviter dans les collections du musée un pan entier de l'atelier de l'artiste. Marcel Robelin y accumule dans des compositions mouvantes un nombre incroyable d'objets de collecte, de fragments d'œuvres et de petites esquisses, qui soutiennent ses recherches : grilles métalliques trouvées, tommettes dont il extrait le motif, accumulation de chutes de papier, reprise d'une œuvre ancienne, etc.
La pratique artistique que Jocelyne Alloucherie développe depuis trente ans, entre sculpture, architecture et photographie, interroge le rapport entre le lieu d’exposition et le visiteur à travers des dispositifs souvent monumentaux associant des éléments en trois dimensions et des images photographiques ; sa réflexion porte sur la relation complexe qui se joue entre la perception de l’espace physique et les lieux les plus intimes de l’espace mental, loin de tout rapport anecdotique au réel.
L’Envers a été conçu à Venise en 2004, pendant l’une de ces déambulations urbaines qu’affectionne l’artiste. Composé de 5 très grandes images imprimées sur toile, posées à même le sol, et de 5 lampadaires en métal tourné, dessinés eux aussi par l’artiste, le dispositif se déploie à l’échelle de toute une salle, opérant sur le proche et le lointain, le dedans et l’ailleurs, la mémoire et le reflet. Les lampadaires, dont la disposition au sol peut s’adapter au lieu, évoquent les flambeaux des fameuses processions vénitiennes. Leur présence contribue à produire cette contraction des temps qui est au cœur de la poétique de l’artiste et à laquelle le corps du spectateur se trouve profondément mêlé.