Acquisitions 2022


 

Jacqueline Salmon
Achat de 4 photographies et don de 9 photographies
série Le point aveugle. Périzoniums, études et variations

Acquisitions faisant suite à l’exposition « Le point aveugle. Périzoniums, études et variations » présentée au musée Réattu du 2 juillet au 2 octobre 2022. Le projet, dont le titre « le point aveugle » fait référence à la tâche de Mariotte (le seul endroit de la rétine qui ne voit pas), est l’aboutissement du travail inédit mené par Jacqueline Salmon sur un objet central et pourtant très absent de la recherche en Histoire de l’Art : le périzonium. Attaché à la figure du Christ, ce pagne est à la fois un voile de pudeur, un enjeu de représentation pour les artistes et une relique précieuse pour l’Église.
Suite à l'exposition, le musée a souhaité faire l’acquisition d’une partie des photographies produites et pensées pour s’inscrire dans le parcours de ses collections permanentes: La variation sur le thème du Christ moqué, fondée sur la dialectique académique du corps et du drapé, mais aussi de l’intensité psychologique, qui dialogue parfaitement bien avec la Demi-figure peinte de Jacques Réattu ; Le Crucifix de Matisse, sculpture contemporaine du Griffu de Germaine Richier conservé au musée, évoque le rapport fécond qu’entretiennent sculpture et photographie, que le musée met régulièrement en scène dans ses accrochages ; La crucifixion-corrida d’après Picasso permet de poser un regard nouveau sur les dessins de la donation de 1971, les affiches tauromachiques de Vallauris et la gravure Taureau et cheval qui constituent le fonds Picasso du musée ; enfin, Le Christ de Mas-Thibert, sculpture majeure des collections anciennes, devient de nouveau le sujet d’une interprétation photographique, presque vingt-ans après les clichés pris par Laurence Faure et Valérie Villieu dans le musée. 

L’artiste a par ailleurs souhaité faire don au musée des neuf autres photographies qui composent la suite, afin d’en garder intacte la cohérence intellectuelle :
1. La Descente de croix de Rubens; 2. Christ en ivoire XVIIIe siècle; 3. Noli me tangere de Titien; 4. La Crucifixion de Parrocel; 5. La Crucifixion de Pirandello; 6.  Le Christ mort du Maître de Darbringung;  7. La Pietà de Spranger; 8. La Pietà de Fiorentino; 9. La Crucifixion de Saura.

Le point aveugle. Christ moqués © Jacqueline Salmon 2022

Astrid de La Forest
Don d'un polyptique

La fresque, gravure au carborundum, polyptyque de 140×210 cm composé de 6 panneaux de 70×70 cm



La fresque, gravure au carborundum, polyptyque de 140×210 cm composé de 6 panneaux de 70×70 cm

Après ses études à l’École supérieure d’arts graphiques, Astrid de La Forest intègre l’équipe de décor du théâtre de l’Amandier. Elle travaille ensuite comme illustratrice pour de nombreux médias et devient dessinatrice judiciaire. Au début des années 1990, elle se consacre d’abord à la peinture puis à la gravure, à partir de 1995, développant un large éventail de techniques : eau forte, aquatinte, pointe sèche, carborundum. Elle devient sociétaire de la Société des peintres-graveurs français en 2013, puis, en 2016, est la première femme graveuse élue à l’Académie des beaux-arts, dont elle assure la présidence en 2022.
Son œuvre, qui donne une large place au thème du paysage, se nourrit beaucoup du voyage et du rapport à l’ailleurs. L’artiste a multiplié, ces dernières années, les résidences en particulier à Rome, à la Villa Médicis, où elle a séjourné à trois reprises et son travail a pris une nouvelle dimension, intégrant un motif devenu récurrent dans ses dessins et gravures : le pin. Elle se met à les dessiner et à les peindre dans des carnets, qui viennent nourrir le travail de gravure, plus radical par le passage au noir et blanc et à un dessin plus stylisé. L’artiste commence également à fragmenter ses gravures, pour recomposer de nouveaux paysages. C’est dans cette mouvance que s’inscrit Fresque, polyptyque composé de six gravures représentant des détails de pins romains composant un paysage graphique et mouvementé. 

Ugo Schiavi, Jonathan Pêpe
Achat d'une vidéo Main-Stream-Memory

Le court-métrage d’Ugo Schiavi Main-Stream-Memory, co-réalisé avec Jonathan Pêpe, est une véritable mise en abîme de l'exposition « Ugo Schiavi. Gargareôn », présentée au musée Réattu du 5 novembre 2021 au 15 mai 2022.Confronté dans la ville à la quasi-impossibilité de procéder, comme il a son habitude, par moulage direct d’éléments de sculpture ou d’architecture – mis à part les gargouilles de la cour Grand Prieuré qui abrite une partie du musée, qui lui ont permis l’élaboration d’installations sculpturales –, Ugo Schiavi a utilisé une autre forme de moulage, virtuelle cette fois-ci : la photogrammétrie.A partir du corpus d’images en trois dimensions qu’il a pu rassembler – à partir des collections de moulages du musée Réattu, de sculptures du musée départemental Arles antique, etc.  –, lui est venue l’idée de créer une fiction ayant pour fil conducteur le Rhône et reposant sur le concept de flux : celui de l’eau, de l’histoire, de l’information.C’est le point de départ de Main-Stream-Memory, fiction entièrement en images de synthèse, dont l'esthétique convoque à la fois la peinture romantique et l'archéologie subaquatique, l’hyperréalisme et la science-fiction. Le film baigne dans une lumière ténébreuse, teintée d'un sentiment d'inquiétude attisé par les anomalies physiques et spatiales qui se multiplient dans le paysage évoquant Arles et les bords du Rhône.L’acquisition de ce film s’inscrit plus particulièrement dans la politique d’enrichissement de la collection d’art vidéo du musée Réattu, qui s’entend comme l’extension naturelle de sa collection photographique et explore les différentes manières dont la vidéo s'inscrit dans l’œuvre des artistes, de même que la porosité qu'elle crée entre leurs médiums.Elle poursuit une séquence débutée en 2010 par l'acquisition d'une vidéo de Mélina Jaouen sur le rapport entre vidéo et performance, de Sterenn Donnio sur le rapport avec la sculpture (2012), de Christine Crozat sur le rapport avec le dessin (2019), d’Annabel Aoun Blanco sur le lien entre images fixes et animées (2020), et enfin de Caroline Duchatelet, sur le rapport avec la peinture (2021).

Ugo Schiavi, Jonathan Pêpe, Main-Stream-Memory                      

Félix Blume, Tom Fisher, Pablo Sanz
Achat de 3 oeuvres sonores

Déjà pionnier en 1965 par son intérêt pour la photographie, le musée Réattu s'honore de l'être à nouveau en s’ouvrant à l’art sonore et radiophonique, une forme originale de création qui repousse les frontières communément admises de l’art. Il a créé en 2007 le premier DAS (Département d’Art Sonore) dans un musée de France. L'enjeu ? Traiter les approches contemporaines de l’audio-graphie sur un pied d'égalité avec la photographie, la peinture ou la sculpture. Accueillir, au sein d'une collection en gestation et dans une programmation évolutive, les artistes qui ont accordé et accordent une suprématie au sonore comme véhicule du réel ou support de l'imaginaire.
Tout comme la photographie, la notion de collection est essentielle à l’enracinement de cette forme artistique au sein du musée. Sa constitution s’appuie en particulier, sur la programmation de la Chambre d’écoute et le Prix Phonurgia Nova du "paysage sonore" doté chaque année par le musée Réattu.

En 2022, le musée a ainsi fait l'acquisition de trois oeuvres sonores:
Félix Blume, Los Gritos de México, 2015 (29'11''); Pablo Sanz, strange strangers, 2020 (37'28'') Prix Phonurgia Nova 2020; Tom Fisher, Hoverflies, Reed Pipes, Cockchafers, Bullroarers, 2021 (9') Prix Phonurgia Nova 2021.

Pablo Sanz © Silvia_Jánošková