Acquisitions 2023


 

Jacqueline Salmon
Don de 6 photographies de la série Miroirs de Venise

Le projet des miroirs remonte à 2002, après un séjour à Venise. De retour dans la ville sept ans plus tard, elle réalise enfin les prises de vues qu'elle avait fantasmées dans différents palais. Bien qu'elle ne puisse pas échapper complètement au reflet des choses et des lieux, Jacqueline Salmon, en privilégiant des plans très serrés et des points de vues souvent obliques, effacent en grande partie l'effet de reconnaissance au profit d'une réflexion sur le sujet miroir : un objet qui capture la lumière dans le piquetage de son tain au mercure du XVIIIe siècle, une surface d'enregistrement des différentes époques dont il renvoie des images de plus en plus déformées, presque abstraites et intemporelles, plus proches du souvenir ou du rêve que de la réalité objective.
Le thème du miroir comme médiateur de la photographie est déjà bien présent dans les collections du musée. On le retrouve dans la série des Ignudi (1985) de Lenni van Dinther, où les nus sont perçus via le reflet d'un miroir au mercure ; dans la photographie Happy days with Vélasquez (1987) d'Alain Fleischer, où l'image du tableau apparaît à travers le reflet fugace d'un miroir tiré par jouet en mouvement ; dans la série des Gémelles (1997) de Patrick Bailly-Maître-
Grand, qui met en scène, sous forme de diptyques positif-négatif, des miroirs qui ne reflètent rien.

miroir de Venise, couple Fondation Querini Stampalia © Jacqueline Salmon 2009

Gaëtan Viaris de Lesegno
Don de 2 triptyques et 6 photographies

Gaëtan Viaris de Lesegno mène depuis 1987 une recherche visuelle sur l’interprétation photographique noir et blanc d’œuvres d’art, le plus souvent de peintures et de sculptures. Entre 1984 et 1988, il poursuit un travail de Maîtrise en « Image Filière Photographique » à l’Université de Paris VIII, sous la direction du théoricien de l'art Jean-Claude Moineau, dont l'objet est « Pour une approche photographique de la Sculpture » d’après les analyses de Heinrich Wölfflin sur la problématique du « Point de vue ». Cette recherche photographique prend alors pour sujet une sculpture en ronde-bosse du jardin des Tuileries – le groupe de Thésée et le Minotaure – à partir duquel il dégage une multiplicité de points de vue (frontal, dorsal, latéral). A partir de 1989, il étend cette étude à la peinture européenne du XVIe au XIXe siècle. En 1990, il décroche la bourse Villa Léonard de Vinci, qui lui permet d'explorer plusieurs musées américains. Il répond ensuite à des invitations émanant des musées des beaux-arts de Caen (1993), Cherbourg (2010) et Limoges (2014), pour lesquels il revisite les œuvres les plus marquantes.
La recherche artistique de Gaëtan Viaris consiste non seulement à faire « œuvre sur œuvre », mais surtout à réaffirmer la photographie comme un art du cadrage, qui ne servirait pas à faire un simple constat du réel mais à l'analyser en profondeur avec pour seul outil l'objectif. Cela passe chez lui par la multiplication des points du vue, la mise en séquence des images mais surtout par le prélèvement de détails dans les œuvres.



Gaëtan Viaris de Lesegno, Académie d'homme ou la mort de Patrocle, 2010 © Gaëtan Viaris de Lesegno

Iga Vandenhove
Achat d'une oeuvre sonore Las voces del bosque Madidi, 2022 (23'39'')

Tout comme la photographie, la notion de collection est essentielle à l’enracinement de cette forme artistique au sein du musée.
L’étude du paysage, dans son épaisseur sonore, constitue un fil rouge de la collection d’art sonore du musée. Depuis 2020, le Prix du Paysage sonore est doté par le musée Réattu, qui par ailleurs fait l’acquisition des oeuvres des artistes primés : Pablo Sanz en 2020, Tom Fisher en 2021. Ainsi la collection d’art sonore du musée se développe t-elle au même titre que les autres formes artistiques présentées.
L’oeuvre acquise a reçu en 2022, le prix du Paysage sonore décerné dans le cadre du concours des Phonurgia Nova Awards.
Dans le parc national Madidi en amazonie bolivienne, les voix de la forêt se mêlent aux rondes des gardes-forestiers. Entre drone et essaim d’abeille, cri d’écureuil et pirogue à moteur, vocalises de grenouilles et voix mélodiques enchevêtrées, les mondes se confondent. La pièce sonore propose une exploration plastique d’une nature habitée dans un pays où au-delà d’être un paysage ou une ressource, elle est reconnue comme sujet de droit.

Iga Vandenhove, Las voces del bosque Madidi