En 2009, l’exposition musée réattu, chambres d’écho proposait une lecture inédite de la collection photographique, que quelques œuvres invitées – en majorité des sculptures – venaient interroger, prolonger ou provoquer, un peu comme l’esquisse d’une collection idéale…Centre de la « Chambre des phylactères », en résonance avec les œuvres de Corinne Mercadier, les disques planétaires de Vladimir Skoda avaient trouvé plus que naturellement leur place dans un édifice depuis toujours dédié à l’énergie des éléments, qu’ils soient de vent, d’eau ou de lumière…Composée de 4 éléments, chiffre immémorial qui parle d’emblée d’orientation, cette pièce espace au ras du sol des disques concaves de grand format, longuement polis, au milieu desquels luit une minuscule goutte de mercure. Associant l’épure de la géométrie à la concentration d’une matière paradoxale, poussant à l’extrême la poétique des contraires et des contrastes – le dense, le fluide, le mat, l’aérien, le ciselé, l’insaisissable – Skoda opère à la manière d’un alchimiste, quelque part entre la règle et le chaos.
La production de mobilier de Frédéric Rhodes est un travail complémentaire à son métier premier d'architecte, autant qu'un formidable espace de liberté et d'expérimentation. Revendiquant une influence forte du design et de l'architecture constructivistes, il cherche à appliquer une vision cubiste tridimensionnelle à ses pièces de mobilier.
Entré dans les collections en 1989 après l'achat du Fauteuil 2+2, Frédéric Rhodes poursuit cette année son histoire avec le musée Réattu en faisant don d'une table récente (2009), la Table 8. Conçue à l'origine pour être sa table de travail personnelle, ce prototype concentre, comme déjà le fauteuil de 1989, les recherches et les « obsessions » de l'artiste : harmonie mathématique des proportions, application du nombre d'or – dont ses travaux sont truffés - utilisation de matériaux nobles etc. Ce don vient ainsi enrichir une collection singulière du musée, constituée de prototypes de mobilier contemporain.
La relation amicale et professionnelle entre Pierre Jahan et Jean Cocteau débute en 1941, lorsque le photographe réalise un reportage sur les écrivains résidant au Palais Royal à Paris. Depuis ce moment, Jahan rêve d'illustrer un des plus fameux poèmes de Cocteau, Plain-Chant, datant de 1923. Après accord de Cocteau, il s’agit pour lui de trouver le couple idéal pour les prises de vue mais il décide en définitive de laisser à son modèle féminin la liberté de choisir son partenaire. En véritable illustrateur, Jahan ne prend pas de libertés avec le texte. Au contraire, lors des séances, le photographe lit, avant chaque prise de vue, la strophe qu'il veut accompagner. Une cinquantaine d'images ont vu le jour au cours de ces séances, Jahan consultant en permanence Cocteau. Mais en 1947, le temps est à la pudeur : ni Cocteau, ni Jahan ne trouvent d'éditeur pour cette oeuvre jugée à l'époque parfaitement scandaleuse. Il faudra attendre 1988 pour que la galerie Michèle Chomette édite ceportfolio, tiré à trente exemplaires, contenant douze tirages effectués en 1986 par Pierre Jahan à partir de ses négatifs de 1947. En entrant dans les collections – où apparaissent les grandes figures d’une photographie française « humaniste », René-Jacques, Doisneau, Ronis, Boubat, Dieuzaide – Pierre Jahan rejoint son ami et mentor Emmanuel Sougez (donation Hélène Cingria,1965). Outre l’extraordinaire qualité de cette série, cette acquisition renvoie à l’action novatrice des acteurs du groupe Le Rectangle, prolongée ensuite parLe groupe des quinze à partir de 1946, dont l’objectif était, à partir de productions de premier ordre, la défense et la diffusion de la photographie en tant que création artistique.
Luca Gilli est le plus jeune du groupe de photographes de Reggio Emilia réunis autour de la figure emblématique de Vasco Ascolini, groupe dont fait également partie Cesare Di Liborio. Le musée Réattu suit depuis vingt ans l’évolution de ce mouvement, très ancré dans le territoire de l’Emilie Romagne, dont les composantes géographiques sont quasiment jumelles de celui d’Arles.
La vidéo intitulée Barroco a été réalisée par Mélina Jaouen à Arles en 2010. Cette pièce a fait partie du diplôme de fin d’études de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie pour lequel l’auteur a obtenu une mention TB avec les félicitations du jury. D’un format assez serré, cette pièce se signale d’emblée à la fois par sa puissance expressive et son économie de moyens. Elle associe avec une maîtrise étonnante chez un jeune auteur les registres de la peinture, de la sculpture et de la performance, au service d’une écriture presque hypnotique dans son rapport au temps et au corps.
"Barroco signifie perle de forme irrégulière.
Il s’agit d’un travail en grande partie performatif qui cherche une mise en acte du corps dans le but de s’interroger sur les possibilités de métamorphoses et les limites corporelles. Par le biais de la peinture et de l’argile, le visage devient sculpture et revêt l’apparence du masque.
La chose humaine se contorsionne et se distend, elle lutte entre dilution et émergence.Fragmentation, morcellement du corps qui, réduit à la bouche, devient aussi organe sexuel, passage entre intériorité et extériorité du corps, étrange et monstrueux poisson. Cette bouche est fascinante et repoussante à la fois. La mastication et le rejet de ces petites perles est à la fois une naissance et un vomissement. Il y a un mouvement de bascule entre l’extérieur et l’intérieur du corps. Au commencement, les perles sortent de la bouche, devenant une sorte de sculpture de l’intérieur du corps. Puis on glisse dans un autre espace, comme si on entrait sous l’eau, ou plutôt comme si on basculait à l’intérieur du corps. Cette impression de bascule modifie notre perception des perles qui deviennent particules, étranges œufs de batraciens, organes qui prolifèrent et se détachent, s’échappent du corps (M. Jaouen)"