Nés en 1986 à Arles avec l’ambition de contribuer à l’émergence d’un art purement sonore, les Prix Phonurgia Nova ont contribué à la découverte d’auteurs dont les noms comptent aujourd’hui, comme Félix Blume ou antérieurement Dominique Petitgand, tous deux accueillis cette année et en 2022 dans la Chambre d’écoute du musée Réattu.
La 26e édition de cette compétition s’est tenue les 2 et 3 octobre 2021 au Centre Wallonie Bruxelles et à la BnF. Elle a mis en lice une nouvelle fois les meilleures fabriques sonores (Arte Radio, La Première RTBF, France Culture, l'ACSR, Le Labo-RSR, Deutschlandfunk kultur,…) et une pléthore d'auteurs, collectifs et artistes de talent, qui, partout dans le monde, s'emparent des outils d'enregistrement de la parole humaine, du réel et de l’imaginaire sonore, comme autant de territoires d’invention.
Pour la deuxième année consécutive le musée Réattu/Ville d’Arles, partenaire de l’événement, a décerné un Prix du Field Recording / Paysage sonore.
Dans une compétition internationale très serrée, c’est l’artiste britannique Tom Fisher (alias Action Pyramid) qui remporte ce prix, avec Hoverflies, Reed Pipes, Cockchafers, Bullroarers, qui fait entendre les sons des marais et forêts du Suffolk au Royaume-Uni.
Dans la lignée de Walter Ruttmann (avec son film sans images Week-end tourné en 1930), de Knud Viktor avec ses « images sonores », et de Luc Ferrari avec ses « Presque rien », le travail de cet artiste explore les voies d’une lecture purement sonore du paysage, exploitant le fait que le son peut figurer le réel de manière subtile et complexe. Comme pour d’autres auteurs de cette nouvelle génération, il ne s’agit pas seulement pour lui d’écouter le monde, bien qu’en soit ce soit déjà une performance digne d’intérêt, mais par le son de tenter de le faire comprendre, et même de contribuer à le changer.
Le potentiel d’interprétation du monde par l’enregistrement est au cœur d’une démarche constamment traversée par le souci de trouver une forme spécifique au contenu déployé de façon sensible, grâce à la technologie, pour aboutir à des propositions d’écoute variées.
Action Pyramid, Hoverflies, Reed Pipes, Cockchafers, Bullroarers – autoproduction, (Grande-Bretagne), 9' (écoute)
Une mention spéciale est également accordée par le jury à l’artiste français vivant en Suisse, Vincent Grimaldi, auteur de Geophana, 11’01’’, une autoproduction également.
Le matériel sonore réuni pour cette pièce comprend des enregistrements de terrain d’insectes et de phénomènes naturels divers capturés dans le Luberon, les Landes, les Grisons et les Alpes Bernoises. A ces enregistrements, ` sont superposés des sons électroniques créés grâce `a un système modulaire Serge, en exploitant en particulier les phénomènes chaotiques et de feedbacks. L’intention est de questionner le rapport des activités de l’humain avec le vivant. Pour cela les sons bruts issus d’environnements naturels sont mêlés à d’autres sons créés de manière électronique. La pièce propose alors différentes interactions entre ces sons. Certains bruits de micros et artefacts d’enregistrement de terrain sont volontairement exploités afin d’appuyer la continuité proposée.
Vincent Grimaldi, Geophana – autoproduction (Suisse), 11'01'' (écoute)