Pour son nouvel accrochage des collections, le musée rouvre un chapitre quelque peu oublié de son histoire avec l’arrivée d’un conservateur dont l’énergie et l’ambition vont faire souffler un vent nouveau sur l’institution : Jacques Latour.
Fils de l’artiste Alfred Latour, archéologue de formation mais ouvert à l’art de son temps, Jacques Latour est le premier conservateur à introduire le concept d’exposition temporaire au musée dès sa prise de fonction en 1947. À travers ses projets, très innovants pour l’époque, il ambitionne de faire du Réattu un musée de l’art du XXe siècle, type d’institution alors quasi-inexistant en France. Il fait entrer dans les collections de la ville les premières œuvres d’Ossip Zadkine, Valentine Prax, André Marchand, Jacques Hauer, Théo Kerg et bien d’autres, qui bouleversent le paysage culturel arlésien, encore très ancré dans l’Antiquité et les traditions provençales.
Il est aussi le premier à organiser une exposition Van Gogh à Arles en 1951, qu’il met en relation avec les artistes contemporains qui ont fait de la Provence une terre d’élection. Cet élan, interrompu par la mort brutale de Latour en 1956, sera repris immédiatement par un autre jeune archéologue, Jean-Maurice Rouquette. Organisateur de la première exposition Picasso en 1957, co-créateur, en 1965, de la première « Section d’Art Photographique » dans un musée d’art en France, Rouquette cultive à son tour un goût pour les artistes vivants, dont le musée est toujours l’héritier. L’accrochage propose une relecture de cette « conquête de l’art moderne » en mettant en lumière des œuvres exposées et acquises par Latour et Rouquette (peintures, dessins, gravures, sculptures, photographies), ainsi que des documents d’époque puisés dans les archives du musée. Une manière de traverser, à l’échelle arlésienne, différents courants de l’histoire de l’art des années 1920 à 1960, du néo-impressionnisme au cubisme en passant par le surréalisme et l’abstraction.