27 avril - 29 décembre 2019
Annabel Aoun Blanco est une jeune artiste, photographe-vidéaste plasticienne qui travaille sur l’interstice entre la vie et la mort, la mémoire et l’oubli, l’apparition / la disparition, le blanc et le noir, le solide et le liquide… Sujet particulièrement fort qu’elle aborde d’une façon originale et singulière, fondée sur la dynamique de va et vient.
Elle fait émerger une notion fondamentale dans son travail : « la boucle » !
L’artiste créé des dispositifs alliant gestes, matières et figure humaine. Les matières utilisées pour rendre plastiquement appréhendable sa recherche, ont un rôle symbolique et viennent s’exprimer en séries successives : l’eau, le lait, le plâtre, le sable, la cendre, le charbon. Une pratique de gestes codifiés intervient à la manière d’un rituel sur la matière, mais lui laisse un espace de liberté où elle s’exprime aléatoirement. Elle devient ainsi le socle qui permet de faire apparaître et révéler la figure humaine.
L’artiste part de l’analyse et de l’illustration de l’idée platonicienne « le temps est l’image mobile de l’éternité immobile » où « image mobile » renverrait à vidéo et « éternité immobile » à la photographie. Les modèles vivants deviennent masques puis empreintes. La figure humaine ne devient plus qu’une image dans laquelle toute idée de représentation, objet de séduction de la part du modèle ou de l’artiste, laisse la place à l’acte de représenter. Ainsi le sujet devient objet d’analyse métaphysique. L’artiste cherche à apporter aux caractéristiques de la photographie celles de « vitesse » et de « distance » propres à la vidéo, et à la vidéo celles de « figé », « d’instantané » et de huis clos propres à la photographie.
Le projet est donc global (photographies et vidéos) ce qui implique des univers similaires entre les deux médiums, avec les mêmes combinaisons de matières, gestes et représentations. La réalité d’un interstice (spatial et temporel) revient à démontrer une dynamique d’aller-retour entre deux points, la vie (l’apparition) et la mort (la disparition). Cette dynamique introduit la notion de «boucle», la vie est dans la mort et la mort dans la vie avec un passage entre les deux. L’objectif est de rendre visible plastiquement cet interstice entre la vie et la mort en utilisant les mediums photographiques et vidéos.
Une réflexion particulièrement rigoureuse et cohérente donne ainsi naissance à des oeuvres d’une qualité plastique plus que troublante, chargées d’émotions. Elles appellent à une intimité entre le spectateur et ces « portraits » qui parlent d’éternité.