Charlotte Charbonnel pour l'été 2011, a été l’invitée de l’exposition musée réattu | sur mesures : il s’agit de la première exposition personnelle de l’artiste dans un musée. Cette invitation s’inscrit dans la tradition du musée Réattu d’offrir à des artistes, jeunes encore ou confirmés, leur première exposition institutionnelle.
Charlotte Charbonnel travaille aux frontières de la science et de l’art, proposant un dispositif dans lequel se glissent des installations qui mêlent vidéo, sculpture et son, et qui utilisent la mécanique, l’électronique et l’informatique tout autant que l’esthétique.
Elle mène depuis cinq ans un travail transdisciplinaire, où les frontières entre les différents médiums tendent à disparaître, dans une sorte d’hybridation de formes ou de porosité entre image, volume et son.
Une démarche qui trouve dans les lieux où elle intervient le support d’échanges supplémentaires, en dialogue rapproché avec l’espace. Elle met souvent en évidence le son des matériaux, révélant ainsi l’écoute de la matière par le biais d’objets sonores, de machines acoustiques.
Pour cet événement (première exposition institutionnelle), l’artiste conjugue différents temps de création.
L’un des espaces de l’exposition sera ainsi consacré à la notion de recherche, sous la forme d’un atelier-laboratoire dévoilant le rôle de l’expérimentation à l’intérieur de son travail. Au même titre que l’œuvre finale, il s’agit de montrer ce qu’elle nomme “les entrailles”, pour mettre en avant le processus de création, décrypter par exemple, à travers ses dispositifs, comment naît une image… d’une photographie, d’un matériau, d’un désir, d’un lieu : autant d’éléments qui passent par plusieurs chemins et plusieurs scénarios.
Les phénomènes naturels et physiques sont souvent les points de départ et d’inspiration de ces recherches. L’artiste trouve dans l’exploration de différents domaines de la science, comme la météorologie, l’acoustique, la sismologie, les moyens de renouveler une perception du monde. Les découvertes scientifiques la captivent, nourrissent ses réflexions et l’aident à comprendre le monde et les objets qui l’entourent, à l’écoute de l’énergie, des ondes, des vibrations…
A l’intérieur de ses installations, qui mêlent la sculpture, le son et la vidéo, la place du spectateur est importante, il peut être amené à activer les propositions de l’artiste. Stethosphères, pièce sonore collective qui sera présente dans l’exposition, propose ainsi aux visiteurs de manipuler cinq sphères contenant différents matériaux et d’en écouter leurs polyphonies en temps réel. Une façon de s’interroger sur ce que l’on voit.
Le dispositif imaginé pour le musée Réattu témoigne de sa sensibilité à la magie du lieu, au magnétisme sous-jacent : sa nouvelle installation dialogue avec la poésie des éléments, portée par le défi de ramener à l’intérieur du bâtiment le Rhône qui longe le musée ; un fleuve tout proche, à la fois présent et caché, dissimulé par une digue, qui vient en même temps en contrarier et en exalter l’idée ; une situation qui l’a immédiatement interpellée et captivée, en réactivant l’importance de l’énergie, élément essentiel dans son travail.